Ahmed Hilal ou le triomphe de l’amour

Sur une table chargée, où les liasses abondent,

Serré dans un fauteuil étroit, morne et branlant,

Il griffonne menu, au long d’un papier blanc ;

Mais sa pensée, elle est là-bas au bout du monde.

Cet extrait du poème ‘’le Banquier’’ du poète Belge disparu Emile Verhaeren (1855-1916) où il brocarde la voracité des banques, ne s’applique point à l’auteur de ce recueil qui porte l’intitulé évocateur ‘’l’Amour comme il vient’’.

Banquier de son état, Ahmed Hilal, ce jeune Casablancais de 35 ans, prouve par le biais de ce premier opuscule que l’univers impitoyable des finances, cette implacable machine qui n’accorde aucun crédit aux sentiments, n’ont pas eu de prise sur lui. Loin d’être ‘’déshumanisé’’, il a su évoluer dans ce monde sans pour autant perdre son âme.

Dans ce recueil plein d’humanité où il pratique le vers libre, Ahmed Hilal a su traduire, sur un ton d’une grande musicalité, la noblesse et la profondeur d’un Amour entier et sans concessions. Des mots simples et une grande sensibilité, Ahmed Hilal exprime comme un adolescent qui ressent ses premiers émois, les joies et aussi les désenchantements de l’amour.

Preuve ce poème intitulé crûment ‘’Vaniteuse’’ :

Je plonge dans ses yeux comme un chercheur d’or,

Je trouverai la faille, derrière ses murailles

Je ferai tomber tous les remparts

Vaniteuse de charme, de son maquillage,

Elle est belle, mais il faut se méfier d’elle

Très influencé par l’école des grands poètes romantiques et aussi pas le symbolisme, Ahmed Hilal distille également au travers des 18 poèmes de son recueil, des messages qui prônent les valeurs humanistes et fustigent toutes les formes de violence. Une poésie qui se lit comme une belle chanson d’amour.

Rachid Sami